Frédérique Ruggieri : «Club Montmartre, que du bonheur !»

Ouvert depuis fin août 2019, le Club Montmartre est rapidement devenu une adresse phare du jeu à Paris. Frédérique Ruggieri propriétaire de l’établissement du 9e arrondissement a accepté de dresser un bilan des premiers mois d’activité et de parler de l’avenir. 

Un peu plus de six mois après l’ouverture du Club Montmartre, quel premier bilan faîtes-vous ?

Un indéniable succès !  La fréquentation est quotidienne : le club a monté en gamme. Nouveaux joueurs comme de nombreux habitués s’y retrouvent pour jouer. Les deux festivals organisés au club : le Road to PSPC en décembre et le FPO en janvier ont connu de belles affluences, jusqu’à 1.800 joueurs alors qu’on en espérait 800 et qui plus est dans un contexte de grève. Les joueurs ont retrouvé avec curiosité leur club entièrement rénové. C’est à la fois le même et un autre. Les retours sont unanimes et positifs. Et puis, il n’y a pas que les murs, les joueurs ont retrouvé l’équipe. C’est une satisfaction de les voir aussi familiers et heureux de se retrouver.

Il faut dire que les employés ont vécu une période de bouleversement traumatisant qui a duré plus d’un an. La fermeture brutale du Cercle Clichy-Montmartre les a mis dans l’incertitude et l’angoisse pendant plusieurs mois. J’ai été la seule à faire une proposition reprenant les salariés. Ils ont dû me faire confiance. J’ai, aujourd’hui, la responsabilité vis-à-vis d’eux, que le club soit rentable. Rentable et sain. Plus jamais ça ! Je m’implique au quotidien pour que le Club Montmartre fonctionne le mieux possible. 

De nouveaux croupiers ont été recrutés récemment par le Club Montmartre. L’offre de tournoi va-t-elle s’étoffer ? L’amplitude horaire du club va-t-elle évoluer ?

Une quarantaine de croupiers ont été recrutés mais aussi des caissiers et responsables VDI. Certains ont été formés par le Cerus mais, nous avons aussi eu le retour de croupiers qui étaient allés dans d’autres clubs et qui sont revenus. Pour les tournois, que nous organisons trois fois par semaine, dix tables sont désormais ouvertes. Nous pouvons accueillir plus de joueurs sur ces évènements qui ont lieu les mardis, vendredis et samedis. Quant à l’amplitude horaire, nous souhaitons l’étendre. D’ici un mois le Club fermera à 6h du matin puis il ouvrira aussi plus tôt à 14h. Nous y travaillons.

Votre offre de Cash Game qui est assez accessible va-t-elle évoluer ?

La VIP est de retour. Aujourd’hui, nous proposons des tables aux blinds 2-2 et 2-4, mais nous allons élargir l’offre par des tables VIP aux blinds 5-5. Cet espace sera aménagé dans la salle Gatsby.

Comment définiriez-vous l’identité du club et quelles sont les spécificités et la clientèle ?

Le Club Montmartre est un club branché, le club parisien par excellence, unique dans son positionnement, unique par son historique, unique par ses volumes, et par son offre puisque nous réservons le 86 à un bar dont l’accès est ouvert à tous, joueurs ou pas. Depuis l’ouverture du Club Montmartre, et alors que l’entrée est raisonnable, l’abonnement annuel à 50€, la clientèle est montée en gamme par rapport à l’époque du Cercle Clichy-Montmartre dans une ambiance bon enfant. 

Pourquoi venir jouer au Club Montmartre et pas ailleurs ?

Parce qu’il ne ressemble à aucun autre, qu’il est Paname jusqu’au bout de ses quinte flush, que son personnel est le plus expérimenté et le plus chaleureux de la Capitale. Parce qu’il est de plain-pied, que sa hauteur sous plafond est impressionnante, et parce que le lieu qui bénéficie de la lumière naturelle n’est pas confiné. On y respire ! Le Club Montmartre ne s’explique pas, ne se raconte pas, il se vit. L’ambiance est conviviale, quasi familiale. Le club est aussi parfaitement sécurisé avec deux agents de sécurité à l’intérieur et deux autres à l’extérieur. Tout est réuni pour y passer un bon moment, voire avec un bon jeu et un peu de chance un moment exceptionnel ! 

Des festivals de poker sont-ils prévus dans les mois à venir ?

Oui. Nous sommes en pourparlers pour organiser un gros festival fin 2020, début 2021. Vous serez le premier informé. Le partenariat avec le plus grand pro du poker en France qu’est Apo permet d’organiser aussi des tournois de qualité avec Texapoker à intervalles réguliers.

Avez-vous prévu de faire une déportation de licence pour organiser un festival de manière délocalisée ?

Nous n’envisageons pas de délocaliser de festival. Le Club Montmartre propose jusqu’à 32 tables en configuration tournoi. Il est assez grand et l’a prouvé avec ses 1800 joueurs au PSPC et 1300 au FPO. Il est plus adapté et plus prestigieux que toutes les salles disponibles à Paris. 

Délocaliser est aussi très coûteux. L’objectif est que le club soit rentable et pérenne tout en offrant une qualité de service au joueur.  Organiser un événement «hors les murs », c’est-à-dire louer une salle où il n’est pas possible de faire de Cash Game, ni de jeux traditionnels est un non sens économique. Nous ne sommes plus au temps des Cercles aux mains d’associations dont le but n’étant pas de faire du profit, pouvaient se faire plaisir. Les sommes engagées pour le WPT à Paris donnent le vertige.

Les Clubs qui appartiennent pour la majorité à des professionnels des casinos ont une autre vision, celle d’un équilibre budgétaire prenant en compte une imposition qui n’existait pas à l’époque et qui remet en cause les automatismes d’autrefois. Epater le joueur c’est bien, lui offrir la Tour Eiffel, c’est génial mais si c’est pour retomber sur des ardoises, ce n’est pas ma vision des choses. C’est fatalement toute l’entreprise qui prend un risque. 

Je ne réserve certainement pas ce genre de prise de risques aux miens. Le Club Montmartre va monter en puissance doucement, sérieusement, et surement.  Le train est en route et nous sommes si heureux tous les jours de l’avoir remis sur les rails que notre objectif est qu’il continue sa route, sans ne plus jamais devoir s’arrêter. Il a le temps. Il est né en 1946, il aurait pu devenir une supérette, une quincaillerie ou un bouillon ! Avoir participer à lui rendre ses heures de gloire et sa notoriété est un bonheur pour tous ceux qui y travaillent tous les jours et ce n’est pas pour nous replier dans une salle anonyme. Il a, à lui seul, l’éclat de toutes les salles. 

8 clubs au total vont fonctionner à Paris. De quel œil voyez-vous la concurrence ? Y-a-t-il de la place pour tout le monde ?

A mon avis, il n’y a plus de plus de place sur les Champs-Élysées… L’offre de jeux est quand même limitée, et s’adresse à une clientèle ciblée. Tout dépendra de la cohérence entre les différents acteurs à ne pas organiser des festivals de poker en même temps et cela dépendra aussi de la souplesse de la règlementation qui peut imposer un nombre plus ou moins important de surveillant par table. Ce que je constate, c’est que chacun des groupes en place a investi et a pris le challenge parisien très à cœur. A la hauteur de Paris. 

Enfin, appelez-vous de vos vœux, une évolution de la législation concernant l’offre de jeux dans les clubs ? 

Elle me semble indispensable pour la pérennité du secteur, il est important que dans les années à venir l’offre de jeux autorisée soit plus large. Si ce n’est pas le cas, je pense que certains clubs risquent de souffrir. Je ne vois pas pourquoi refuser à Paris ce qu’on accorde à Enghien et ailleurs. Paris est la capitale touristique du monde et l’offre de jeux est censée dans l’esprit du législateur initial être destinée à une clientèle touristique afin qu’elle ne provoque pas d’addiction. Il y a donc une cohérence à ce que Paris ait une offre de jeux diversifiée.