Le blues des joueurs de poker parisiens

A Paris, ils passaient des heures aux tables de poker et depuis six mois, c’est un vide immense. Plusieurs milliers de joueurs sont un peu orphelins et ne peuvent plus disputer de tournois dans la capitale. Le Cercle Clichy-Montmartre, dernier établissement qui en proposait, a fermé ses portes en septembre 2018. Depuis les joueurs attendent avec beaucoup l’impatience l’ouverture des clubs de jeux. Une attente interminable pour beaucoup de passionnés.

Chaque jour, ils avaient leurs habitudes. Plusieurs centaines de joueurs se rendaient au Cercle Clichy-Montmartre pour jouer en Cash Game ou en tournoi. Depuis le 26 septembre 2018 et la fin du CCM, les choses ont changé.

Des dizaines d’heures à la table chaque semaine

« Je jouais à la 50€ et à la 100€, mes horaires hebdomadaires variaient en fonction de mon boulot, mon volume horaire oscillait entre 20 et 80h par semaine, explique Guillaume Cambis, 30 ans, ancien golfeur de très haut niveau. Ne plus jouer en live c’est clairement un manque. »

« J’y allais 4 à 5 fois par semaine, du lundi au vendredi », explique de son côté Warren Sellam, un joueur de 21 ans. Certains venaient en début d’après-midi dès l’ouverture du Cercle Clichy-Montmartre. « Je jouais en Cash Game dès l’ouverture essentiellement sur les tables à 50€, explique un joueur de 46 ans surnommé RP. Je jouais aussi les tournois du soir et bien sûr les tournois événementiels ».

Beaucoup aimaient venir tôt, prendre un café au bar. C’était le cas de Mehdi, chef de rang barman. « Je venais de 14h à 19h. J’aimais venir papoter. Je m’asseyais aux tables de Cash Game, en NL 50. Je jouais 130 heures par mois »

Clichy Montmartre, 2017.

« Un vrai manque »

Chez beaucoup de joueurs, ce qui manque aussi c’est l’atmosphère si particulière du Live. « Autant les tournois en ligne c’est plus sympa, autant le Cash Game ne peut se jouer qu’en Live, détaille Guillaume Cambis. Placer des bluffs à 500€, et regarder les mecs dans les yeux, les voir transpirer, c’est vraiment particulier. »

La fermeture du CCM, « c’est très frustrant et un vrai manque, pas que de jouer mais aussi de l’ambiance et des rencontres autour des tables», déplore RP. « Depuis la fermeture du CCM, je ressens un grand vide », enchaîne Warren Sellam.

Compenser le manque

Pour compenser le manque, beaucoup de joueurs se tournent vers le online. « Sur le net, je joue pour « rigoler» les 0.10-0.20, je peux aller jusqu’à 0,50-1. Plutôt rarement. Alors qu’en live, la 2-4 de Clichy ou la relance standard c’était entre 16 et 24… Tu construisais des pots rapidement énormes. Les sensations étaient sans communes mesures», se remémore Guillaume Cambis. « Moi aussi, je ne joue plus qu’online », peste Warren Sellam.

Certains optent pour des tournois en province à quelques encablures de la capitale. « Pour l’instant je me suis rabattu sur le online et quelques déplacements en province à Saint Amand les Eaux avec des potes, par exemple », indique RP.

Des joueurs qui attendent impatiemment l’arrivée des clubs

Pour les joueurs l’espoir vient des clubs dont l’arrivée est attendue comme le messie. Plusieurs établissement devraient proposer du poker. « J’ai hâte de retrouver un endroit comme le CCM, une grande famille où tous les milieux se mélangeaient autour d’une passion . La relation humaine sera toujours au-dessus de l’ordinateur, explique Guillaume Combis. Les grands casinos impersonnels ne remplaceront jamais ce qu’était le CCM, un lieu presque 100% poker avec cet atmosphère unique. »

Pour certains, le délai avant l’ouverture des clubs est interminable. « Je suis un passionné de poker et c’est dur d’attendre l’ouverture des clubs. J’y pense tous les jours », soupire Mehdi. « Dans l’avenir, j’espère une plus grande diversité dans le monde du Cash Game Live », explique Warren Sellam.

Beaucoup attendent donc la réouverture du Club Montmartre.« J’ai aussi une grosse attente du Club Circus Paris, étant aussi un joueur à Namur au Circus Casino », explique RP. « Paris, et les parisiens, méritent une place centrale forte du poker. Avec des dizaines de tables et une ambiance feutrée, plutôt que les grandes lumières d’un casino impersonnel », termine Guillaume Cambis.